Charles Baudelaire: Les Fleurs du Mal / Spleen et Idéal



XXII. - Parfum exotique




I 
2
 
4

Quand, les deux yeux fermés, en un soir chaud d'automne,
Je respire l'odeur de ton sein chaleureux,
Je vois se dérouler des rivages heureux
Qu'éblouissent les feux d'un soleil monotone ;

II 
6
 
8

Une île paresseuse où la nature donne
Des arbres singuliers et des fruits savoureux ;
Des hommes dont le corps est mince et vigoureux,
Et des femmes dont l'œil par sa franchise étonne.

III 
10
 

Guidé par ton odeur vers de charmants climats,
Je vois un port rempli de voiles et de mâts
Encor tout fatigués par la vague marine,

IV12
 
14

Pendant que le parfum des verts tamariniers,
Qui circule dans l'air et m'enfle la narine,
Se mêle dans mon âme au chant des mariniers.

(2e éd. - Paris : Poulet-Malassis et de Broise, 1861;  Gallica)
Zurück zum VHS-Kurs